Merde et l’ôr
la merde c'est crado
cependant il n'y a rien
que soit plus beau
qu'une crotte de chien
chient les riches et les prêtres
chient les rois et les fées
mais il y a pas de merde a comparer
avec la merde du bien aimé
°°°
Dernier Avertissement
S'il m'arrive quelque chose
informez ma famille
ce fut ainsi, ainsi c'était
fallait que soit douloureux
ce processus de naître
fallait que soit comme deux
cette peur de ne pas être
fallait que soit mysterieux
cette façon de disparaître
un poéme, par exemple
si quelque chose s'entremettre
il se trouve que soit un indice
ou que je n'ai pas fini de le transmettre
°°°
Amnésie Nostalgique
a un ami qui a perdu la mémoire
Mémoire c'est une chose recente
Même hier ce n'était pas si frivole?
la chose est venu avant
ou avant, c'était la parole?
Quand ou perd les remisnescence
pas grand chose se perd
les nuages, sont blanches
La mér? Toujours vert.
°°°
Amnésie Nostalgique (Version 2)
a un ami qui a perdu la mémoire
La mémoire, chose récente
Jusqu'hier, n'était pas si frivole?
La chose est arrivé avant,
ou, avant, était la parole?
Quand on perd les reminiscences,
pas grand chose on perd.
Les nuages, sont blancs.
La mer? Toujour verte.
°°°
Au pied de la peine–la plume
tout sale d’encre
le scribe rentre à la maison
la tête pleine de phrases d’autrui
phrases toute faites
lettres laides
lignes jolies
la peau brûle
les mots oubliés
formes fourmis
tous les mots de la tribu
pour elles
a echangé la vie
jours lumières aubes
aujourd’hui
quand je rentre à la maison
page en blanc et em braise
et l’aile qui s’en va
bute contre le néant – le rien
avec tout dedans
part
°°°
un homme qui a mal
un homme qui a mal
est plus élégant
marche sur les côtés
comme s’il arrivait en retard
allait de l’avant
il porte le poids de la douleur
comme s’il portait des médailles
une couronne un million de dollars
ou des choses qui en vaillent
opiums édens analgesiques
ne me touchez pas cette douleur
elle est tout ce qui me reste
souffrir sera ma dernière oeuvre
°°°
Profession de fievre
quand il pleut,
je pleus – je pleuvois
il fait beau,
je fais,
la nuit,
je nuis,
il y a dieu,
je prie,
il n’y en a pas,
j’oublie,
il pleut encore,
encore, je pleus – je pleuvois,
je siffle dans le vent,
d’ici je me vois,
me voilà,
geste en mouvement
°°°
Voyage au bout de la nuit
la poitrine ensanglantée de vérités
je roule dans la rue cette tête chauve et aveugle
ne sert plus au diable qui la porte
°°°
Blade Runner waltz
En mille neuf cents quatre-vingt et toujours
ah, quels temps ceux-là
nous dansons au clair de la lune, au son de valse
La perfection de l’Amour à travers la douleur et le renoncement
Nom, j’avoue, un peu long,
mais les temps, ce temps-là,
ah, on ne fait plus de temps
Comme autrefois.
Ça ou c’étaient des heures
des journées enormes, semaines, années, minutes mille ans,
et toute cette fortune-là à temps
on la dépensait avec des bêtises,
aimer, rêver, danser au son de valse,
des fausses valses de si immense nom lent
qu’on dansait em septembre
............... (En mille neuf cents quatre-vingt et toujours)
°°°
Bien au fond
au fond, au fond,
bien au fond,
on aimerait
voir nos problèmes
reglés par décret
à partir de cette date,
ce chagrin sans remède
est considéré nul
et sur lui - silence perpétuel
éteint par loi tout le remords
maudit soit celui qui regarde en arrière,
là en arrière il n'y a rien
et rien de plus
mais des problèmes ne se règlent pas,
les problèmes ont une grande famille,
et les dimanches ils vont se promener
le problème, madame
et les autres petits problemots - problemets
°°°
Des noms en moins
Un nom plus un nom égal à un nom
des noms moins, des noms plus.
Moins c'est plus ou moins,
ni tous les noms sont égaux.
Une chose est la chose pair ou impair,
autre chose est le nom, pair et pair,
portrait de la chose quand limpide,
chose que les choses laissent en passant.
Nom de bête, nom de mois, nom d'étoile
nom des mes amours, noms animaux,
la somme de tous les noms,
ne sera jamais une chose, plus jamais.
Des villes passent. Seuls les noms restent.
Quelle chose fait mal dans le nom
qui n'a pas de nom qui compte
ni chose à être contée?
°°°
Passe l'expression
Ces dits artefacts
qui diraient mon angoisse,
il y en a de celles qui viennent faciles,
il y en a beaucoup difficiles.
Des fois c'est du verre brisé, TESSON DE VERRE
des mois c'est comme un cri,
des fois je ne doute même pas, je doute plus
des jours j'y crois.
Alors nous serons tous des génies
quand les latrines du monde
vomiraient en retour
tous les papiers culs hygiéniques
°°°
Distance minimes
un texte chauve-sourisse
s'oriente par echos
un texte texte aveugle
un echo anti anti anti antienne
un cri dans le mur mur mur
revient mûr mûr mûr
avec moi avec avec avec soi
entendre c'est voir si si si si si
ou si si me lui te suis?
°°°
Adminimystère
Quand le mystère arriverajá
il va me trouver endormi,
moitié samedi,
l'autre moitié, dimanche.
Qu'il n'y ait ni son ni silence,
quand le mystère augmentera.
Silence est chose sans sens,
je ne cesse pas d'observer.
Mystère, ce, à quoi je pense,
Plus longtemps, moins lieu.
Quand le mystére reviendra,
Que mon sommeil soit si libre,
qu'il n'y ait pas d'effroi au monde
qui puisse me soutenir.
Minuit, livre ouvert.
Des phalènes et des moustiques
atterrissent sur le texte incertain.
Serait-il le blanc de la feuille,
lumière qui ressemble à un objet?
Qui sait c'est l'odeur du noir,
qui tombe là-dessus comme un reste?
Ou les insectes auraient-ils
découvert des liens de parenté
avec les lettres de l'alphabet?
°°°
Amour Battant
Quand je t'ai vu
j'ai eu un éclair brillant
c'était comme si je regardai
dans un diamant
et mon regard prenait
milles faces en un instant
Il suffit d'un instant
pour avoir un amour battant
°°°
Tout est déjà dit
tout est déjà dit
dans un jardin
jadis
fernando uma pessoa
j’ai perdu ma vie
par délicatesse ?
oui
rimbaud
moi
aussi
°°°
L’être avant la lettre
la vie en close
c’est une autre chose
c’est lui
c’est moi
c’est ça
c’est la vie des choses
qui n’ont pas
un autre choix
°°°
Pierre tombale 1
épitaphe pour le corps
Ci-gît un grand poète.
Il n’a rien laissé par écrit.
Ce silence, je crois,
sont ses œuvres complètes.
°°°
Pierre tombale 2
épitaphe pour l’âme
ci-gît un artiste
maître en désastres
vivre
avec l’intensité de l’art
l’a mené à l’infarctus
que dieu ait pitié
de ses déguisements
°°°
L'ex-étranger
passager solitaire
le cœur pour cible
toujours le même, tantôt autre
pointe ta flèche, sagittaire,
vers le centre de la galaxie
°°°
V, comme voyage
voyager me laisse
l’âme plate
près de tout
loin de chez moi.
chez moi, était la vie
celle qui, en voyage
voyageait, belle
et endormie.
la vie voyageait
mais moi je ne voyageais pas
car tout voyage
n’est fait que de départs.
°°°
vous pouvez vous garder la réalité
ce truc flippant
où rien ne va
je veux vivre pour de vrai
à moi le cinéma américain
°°°
Si l’encens était de la musique
cette volonté
d’être exactement ce
que l’on est
devrait
nous mener ailleurs
°°°
L’art du thé
pas plus tard qu’hier
j’ai invité un ami
pour être en silence
avec moi
il est venu
un peu par hasard
il n’a pratiquement rien dit
et on en est resté là
°°°
Haicais/Haïkus
rideaux en soie
le vent entre
sans permission
°°°
après-midi de vent
même les arbres
veulent s’abriter
°°°
la pluie vient d’en haut
ils courent
comme si elle leur venait après
°°°
une montre arrêtée
l’oreille surprend
le tic tac passé
°°°
deux feuilles accrochées à mes sandales
l’automne
aussi veut marcher
°°°
Orage (tempête)
cela faisait longtemps
que je ne m'étais pas senti
si sentimental
°°°
Midi
midi trois couleurs
j’ai dit vent
et toutes les fleurs sont tombées
°°°
Raison d’être
J’écris. Voilà.
J’écris parce qu’il le faut
il le faut parce que j’ai la tête qui tourne.
Cela ne regarde personne.
J’écris parce que le jour se lève,
et que les étoiles là-haut dans le ciel
sont comme des lettres sur papier
quand mon poème m'assombrit.
L’araignée tisse ses toiles.
Le poisson embrasse et mord ce qu’il voit.
J’écris, moi, c'est tout.
Faut-il qu’il y ait une raison?
°°°
tu t’arrêtes
afin de regarder
ce qui t’attend
seul un nuage
te sépare
des étoiles
°°°
Cœur
cœur
HAUT
dessous il est écrit
FRAGILE
°°°
Les choses
les choses
ne commencent pas
par un conte
ni finissent
par un
°°°
Il est une fois
je ne commets jamais la même erreur
deux fois
je la commets deux trois
quatre cinq six fois
jusqu’à ce que cette erreur comprenne
que seule l’erreur compte
°°°
Marcher et réfléchir
Marcher et réfléchir un peu,
car je ne sais pas réfléchir autrement.
Trois pas, et ça y mes jambes
réfléchissent déjà.
Vers où vont ces pas ?
Au-dessus, en-dessous ?
Au-delà ? Ou qui sait
se défont-ils au moindre vent
sans laisser de trace ?
°°°
Vertduration
Subitement je me rappelle du vert
La couleur verte
La plus verte couleur qu’on a
La plus joyeuse
La plus triste
Le vert que tu revêts
Le vert que tu revêtait
Le jour où je te vis
Le jour où tu me vis
Subitement j'ai vendu mes enfants
A une famille américaine
Ils ont des voitures
Ils ont de l´argent
Ils ont des maisons
Et l´herbe est cool (bacana)
Uniquement ainsi ils pouvent revenir
Et bronzer sous le soleil de Copacabana
°°°
Merci au groupe de traducteurs!
Alexandra Moreira da Silva, Angela Heymann, Betch Cleinnan,
Celso Libanio, Giovana Soar, Ilda Mendes, Ivan Justen, Izabella Borges,
Jean Paul Giusti, Luciana Botelho et Thomas Quillardet
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